Puzzle

Ce soir j'ai pris mon courage à deux mains et suis allée ballader en sortant de chez mon client (chéri qui a que des questions à la con mais au moins ça change et ça stimule mon cerveau !).
En général, j'ai tendance à rentrer direct à l'hôtel et à m'écrouler.
Mais là... Je me suis dit : "Profite, 'tain ! C'te ville, la dernière fois que tu es venue, tu n'en as pas profité et pourtant tu l'avais aimée ! Alors cette fois ci vas y !"
D'autant plus que je suis en plein centre, à quelques centaines de mètres du Danube.
A ma décharge, il faut avouer que je suis rarement en plein centre. Alors prendre un taxi, etc... c'est toute une démarche que je ne suis pas forcément prête à faire.
Là... Pas d'excuse.
De plus, le temps était incroyablement doux, et il faisait soleil.

Je fis donc dans les... 500 mètres ?
Je n'ai aucune notion des distances ; disons que j'ai marché 5 minutes sans me presser.
Qu'est ce que cette ville est agréable....
Qu'est ce qu'il y a comme amoureux dans cette ville...
Putain qu'est ce qu'il y a comme amoureux....
Ca fout les boules, tiens...

Je suis arrivée au bord du Danube juste à mi chemin de deux ponts, sur la rive du Parlement.
Une promenade très agréable, blindée de touristes bien sûr, de terrasses de bar, restaurants et hôtels, des violonistes et autres accordéonistes ou saxophonistes jouant ça et là ; quelques bancs pour se poser et pauser, des statues en bronze incorporées au paysage... Une gamine jouant avec un chien ici, un gamin sur une rambarde là (les statues, ce sont)... Des jardins...
Et moi, marchant seule....

J'arrive à un banc libre, et je m'y assois... en me disant que c'est vraiment très beau, et que je ne fais pas face à ce beau Danube bleu mais plutôt au beau Danube doré par le soleil couchant, que l'air est vraiment très doux, et que l'atmosphère toute entière est douce, avec cette violoniste qui joue au loin.
Et que... ça doit être bien de partager ça.
Que j'aimerais bien partager ces moments.
.....
Oui, bien sûr, pourquoi ne pas appeler O pour partager ça avec lui ?
Bin... Parce que je l'ai déjà fait et qu'il était sur messagerie.
Comme hier d'ailleurs.
Alors j'ai laissé un petit message. Un peu plus... disons ferme. En lui disant quand il pouvait me rappeler aujourd'hui et à partir de demain.
Et il était clair que je n'appellerais pas une quatrième fois. Il est loin d'être con, je savais qu'il lirait entre les lignes.
Je me répète, mais je ne suis pas une mendiante.
Finalement, ce sont mes amies qui partageront (un peu) ces moments.
Un sms à la marraine de ma fille, un coup de fil à Clo.
Sms sans réponse, et Clo qui expédie car elle est occupée.

Et d'un coup... je me sens seule.
Terriblement seule.
Alors que je devrais profiter de ce moment, savourer la chance que j'ai de pouvoir voyager comme ça, eh bien non ; ça me tombe dessus là, maintenant.

Et me voilà partie dans les méandres sombres de mon esprit devant ce ruban doré qui coule devant moi....
Je me demande pourquoi ce sentiment de solitude.
Je me suis souvent dit que j'étais un puits sans fond. Qu'on pourrait m'en donner encore et encore, que ce ne serait pas suffisant.
Je n'en ai jamais assez...

Voyons voir....
Prenons ma "relation" (?) avec O.
Bon ; il m'a donné de sacrées mauvaises habitudes pendant les semaines précédentes, hein !
Il m'avait dit "Appelle moi quand tu reviens".
Je lui avais dit "Je t'appellerai de là bas ; ne m'appelle pas toi car je suis chez mon client".
Hier, je l'ai appelé alors que j'étais en correspondance. J'avais un quart d'heure devant moi.... alors j'ai appelé.
Messagerie.....
Le soir, à 18h30, je le rappelle. J'avais déjà un léger, très léger sentiment d'abandon... un fumet de "démotivation", de "j'en étais sûre". Il ne répond pas, messagerie.
J'ai beau connaître son style de vie et la teneur de ses journées, quasiment à la minute près.... Me voilà en plein doute.

Il ne m'a pas rappelée.
Et j'ai commencé à gamberger.
"Mais cocotte ! Tu t'attends à quoi d'un type qui t'a/que t'as trouvé sur un Sitalacon ????"
"Bouarf ! Il a eu ce qu'il voulait, maintenant, ciao ! Sauf qu'il a pas le courage de le dire franchement, quoi..."
"Pffff tous les mêmes"
En même temps, ma raison essayait désespérément de prendre le dessus.
"Hep hep hep ! T'oublierais pas un peu qu'il ne te doit rien ????"
"Rhoooooo déconne pas Bibiche ! T'as pas été dispo de la journée, et faudrait qu'il soit là le doigt sur le portable, à tout lacher pour t'appeler ???"
"Attends ! Si tu regardes les faits objectivement, c'est un mec vachement constant et qui a toujours tenu parole !!"

Bref.... Bataille de géants entre mon coeur et ma raison.
'tain mais c'est dingue d'être si peu sûre de soi !
Parce qu'on pourrait penser que c'est de lui que je ne suis pas sûre (ah au fait ; ne vous inquiétez pas, je ne m'emballe pas : l'est marié, je n'espère rien. Et NON je ne suis pas amoureuse. Je ferme la parenthèse) ; mais non... c'est de moi.
Pas sûre de l'intérêt qu'on peut bien me porter.
Je me demande si je n'irais pas jusqu'à dire.... Pas sûre de l'intérêt qu'on peut bien me porter, une fois qu'on m'a sautée.

Je suis restée un moment sur mon banc à mener ce combat intérieur.
Et alors que le soleil déclinait, j'en suis arrivée à la conclusion suivante : J'ai encore du boulot.
J'en ai profité pour prendre une autre décision.
Je vais vendre ma maison et prendre un appartement.
Marre des étages, marre de la surface, marre de la sombrité (j'dis c'que j'veux).
Et outre tout celà, je crois que c'est nécessaire pour continuer à me séparer de Monex.
Nous ne sommes pas divorcés, cette maison il y vient quand il veut (quand je ne suis pas là) et s'y sent toujours chez lui.... Je crois que ça aussi m'empêche d'avancer.

J'ai l'impression d'avoir toutes les pièces du puzzle, mais il me faut les assembler.
Et l'image ainsi formée... ce sera Moi.
Mon vrai Moi, celui qui saura ce qu'il veut réellement, celui qui sera serein.
Mais pour l'instant... Il me faut encore réfléchir à cet assemblage pour le trouver.
Je sais que c'est là.
Tout est là...

(Oui bon OK ; il m'a appelée...... en me demandant de l'appeler demain dès que j'atterris... Pas de commentaire j'ai dit ! )